SIBU MANAÎ

11 janvier 2021
SIBU MANAÏ (La fleur à chérir de la surfeuse Justine Mauvin)
"Premier EP "Vavanguèr" sorti au printemps 2020"

“Le surf, c’est avant tout mon rapport à l’élément, à l’eau. Et comment il m’a permis de voyager, de découvrir d’autres cultures, des façons de vivre. Ce qui m’anime dans la vie, c’est d’aller à la rencontre de l’autre et d’expérimenter un maximum de choses. Mes parents ont toujours voyagé et m’ont fait voyager avec eux. La Réunion, d’où je viens, est une île de mélanges, on vient tous d’ailleurs. C’est devenu vital. Ça me rapproche d’une liberté qui est cruciale à mes yeux. Il ne s’agit pas de simplement bouger mais d’aller voir, ce sont comme des pulsions… J’aimerai faire de ma vie un grand voyage…” dit Justine Mauvin


Elle a 26 ans, sa vie consiste à suivre les vagues du monde, qu’elles soient liquides ou à l’âme. Il peut lui arriver de partir à la chasse aux crocodiles en pirogues avec une tribu en Papouasie. Elle n’est pas une touriste. Rien à voir. Elle enlace le monde plus qu’elle ne le visite. Aux cartes postales qui ne disent rien, elle privilégie l’instant présent, cette communion non négociable avec la terre et ceux qui l’habitent. Le réel avant les souvenirs. Maintenant. Lors de son voyage dans la tribu des Hommes Fleurs en Indonésie (Mentawai), les indiens lui donnent le nom de « Sibu Manaï ». Chérir la fleur, la contempler, la voir s’épanouir.
Vice-championne d’Europe, double championne de France et troisième mondiale de surf, Justine Mauvin préfère pourtant aux simples trophées, le plaisir, l’instinct. La forme de l’eau… 
Et la musique.
Elle découvre le surf à l’âge de neuf ans. Le piano, puis la guitare, suivent de près. C’est son père qui l’initie, qui lui apprend ses premiers accords. C’est une évidence pour la petite fille. Elle écrira des chansons. La mélodie, les sonorités, ce sont les premières choses qui lui viennent, avant tout le reste. Elle a l’écriture libre, presque automatique. Les mots s’imposent après, quand les notes ont déjà tracé un chemin. Anglais, Français et Créole. Les trois langues qu’elle a choisies pour raconter. Pour respirer encore plus fort. Elle s’essaye d’abord au flamenco, ses origines espagnoles certainement, et aussi parce que c’était la musique idéale pour apprendre à délier les doigts… Puis, elle reprend les standards des autres, ceux qu’écoute sa famille, Joan Bez, Fleetwood Mac… Elle grandit.
Aujourd’hui, elle reprend son nom Sibu Manaï et incarne sa vocation musicale et ses messages universels.
 
Elle aime le côté éphémère des concerts, cette chose presque palpable avec le public. Une seconde d’éternité partagée : “C’est comme quand tu surfes, chaque vague est unique, tu dessines ta trace le temps de quelques secondes, tu danses avec elle, c’est un partenaire unique et je ressens la même chose pendant les concerts...”. Parfois, une existence ne suffit pas à un Homme pour se trouver. Elle, s’est trouvée deux fois. Sur une planche et sur les planches. C’est quelque chose d’assez rare. Elle ne l’ignore pas et ne compte pas galvauder ses passions. Au départ, ses chansons égrènent une certaine idée de la mélancolie, de la nostalgie. Le tempo est sépia, les atmosphères rétroviseur. C’est ce qui sort, ce qui lui vient. Elle ne triche pas. Elle en est incapable. Et la vie suit son cours : “Après le Bac, j’arrive en Métropole et je me lance naïvement dans des études de droit international à Toulouse. Mais je passais plus de temps sur mon clavier à composer qu’à vraiment étudier. Et le week-end, j’allais surfer à Biarritz. Je n’ai passé que deux mois à la fac… À cette époque-là, j’étais déjà surfeuse professionnelle sponsorisée par la plus importante marque de surf féminine … Et je savais qu’ils avaient monté un studio d’enregistrement à Saint jean de Luz. En 2011, je frappe donc à leur porte. L’ingé son du studio, Ken Ploquin (Gainsbourg, M, Patti Smith, Daho…), qui a longtemps été mon mentor, a tout de suite accroché. J’ai sorti deux titres avec eux, “By Heart” et “Bom Bom” J’ai ensuite fait pas mal de petits concerts dans la région, à Paris également.  À l’époque, j’étais plus dans un délire clavier mélancolique (rires). Aujourd’hui, le tempo est plus rapide. Elle a raison. Ses nouvelles chansons sont plus enlevées, plus solaires, elles peuvent être considérées comme une nouvelle étape et une affirmation. “Je suis toujours dans l’instinct mais j’ai aussi plus de recul désormais. Je dirais que ma musique est solaire et sensible à la fois. J’ai envie d’y mettre mes origines de La Réunion avec des sonorités atypiques et endémiques. Je pense à intégrer très vite plein d’instruments traditionnels comme le Kayamb, le Bobr...  Je veux être un porte-parole au monde de mon petit caillou, lui faire honneur et lui rendre hommage. Et c’est pour ça aussi que j’introduis de plus en plus de créole dans mes chansons. Créole et anglais. Pour faire le lien entre l’île et le monde… L’anglais est mélodique, tout comme le créole. Ce sont des langues qui se chantent presque. Le français lui est si beau, que le parler suffirait presque…”.
Au futur et au passé, Sibu Manaï préfère donc le présent. Intensément. Et ses chansons le proclament avec une force et une sensibilité indéniable. On sent dans ces mélodies indomptées que rien n’est forcé. Tout semble couler, tout est à sa place. Limpidité du cœur. Sa musique nous raconte sa dévotion pour ce monde sous sa forme la plus sauvage, animée. A travers des sonorités à la fois modernes et traditionnelles, elle nous parle de ses émotions, de ses rencontres.
 
Il y a d’abord eu "Waterman", single qui tournoie, qui emporte, loin. Justine chantait son rapport à l’eau : “L’eau, j’en ai besoin quand j’ai l’impression de suffoquer dans ce monde parfois hyper rapide, plein de lions et de chiens comme je le dis dans la chanson". L'eau n'est pas une ressource, c'est une source" m'a dit un jour Maurice Rebeix. Elle me libère de mes craintes, m'apaise et m'énergétise à la fois. De manière consciente ou inconsciente elle fait partie de moi chaque jour. L'eau sait prendre toutes les formes, s'adapter à son environnement... D'une seule goute nait la vie. C'est à cette mère que je rends hommage... Ce titre, c’est un peu aussi une présentation de moi, la fille de l’eau. Et c’est encore une façon de demander aux gens quel est leur rapport à l’eau ? À quel point elle leur est vitale, De quelle manière en ont-ils conscience ? C’est juste une petite question de base. Ce n’est pas un prêche ou un truc moralisateur, pas du tout, plutôt un échange à propos de cet élément qui nous entoure. Sans prétention, hein… 
Ce titre dégage quelque chose d’aquatique. Des bruits un peu froids et ronds. Et en même temps, il y a cette chaleur. Avec des sonorités qui résonnent, rebondissent …”. C’est exactement ça.
Il y a eu aussi « Enemy ». Ce titre singulier et soul représente la dualité passion haine et notre réunionnaise chante sa rencontre avec des sentiments puissants, qu’elle découvre en grandissant. De l’anglais et des percussions, à l’aube de son émancipation.
 
Le prochain single s’intitule “On My Way”. Sibu Manaï désormais affirmée, évoque ici ce grand voyage vers lequel nous tendons tous : le retour chez soi. « C’est lorsque je voyage au bout du monde que je me rends compte à quel point nous sommes tous proches les uns des autres. Nous avons cette chose en commun d’être sur la grande route qui nous mènera à la maison. Nous cherchons dans le voyage de notre vie ce lieu qui nous accueillera et saura nous nourrir pour des générations, et nous n’avons pas besoin de parler le même langage pour comprendre cela. Un simple regard suffit pour comprendre cette humanité qui nous lie. Le voyage de cette chanson c’est aussi la curiosité saine pour l’autre. La couleur de la peau n’est pas celle du cœur, ce dicton réunionnais prend vie dans ce titre. Une basse chaude et des rythmes chaloupés, mêlés de skanks électro, c’est un mélange culturel auquel je tiens.»   
Le refrain ne fait pas de prisonnier, la mélodie, fédératrice, prend par la main et invite au voyage. Ibeyi, Selah Sue, MIA, il y a un peu de ça. Il y a surtout un univers qui s’incarne sans attendre et où Sibu Manaï invente la sensualité pas dupe. C’est imparable et immersif, terriblement. Il y a aussi “Imma Be”, un hommage au père et aux guides masculins d’une vie, aux fondations plutôt électro. Une aube qui pointe et la volonté de ne pas oublier. Elle n’aime pas Candi Staton pour rien. Elle est soul, elle est pop, elle chante, furieusement vivante.
« Elevator Call ». La chanson alterne intimité et communion, complicité et soleil qui brûle les ultimes résistances. Difficile de lutter. On est emporté. Un Ep « Vavanguer » en préparation, car vagabonde, elle dérive, toujours.
« Sibu » chérir, « Manaï » la fleur en soi. En grand. Car il y a chez elle ce sentiment d’être liée à quelque chose qui dépasse les frontières, les appartenances. Quelque chose qui refuserait de se fixer. Parce qu’elle sait que sur cette terre, les âmes n’ont qu’une terre natale : celle des souvenirs qui déchirent la nuit. Luz Serrano, sa grand-mère paternelle et peintre, ne dit pas autre chose avec ses tableaux. Partir pour mieux se trouver.

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